La honte, contrairement au racisme, ne tue pas.
- Lubin Dargère
- 15 avr.
- 3 min de lecture
Laurent Wauquiez propose, selon ses mots "d'enfermer", selon les miens de "déporter" les "OQTF". Commençons par restituer à ces êtres humains, leur dignité, en cessant de les désigner par un vulgaire acronyme.
Ensuite, selon mes informations, Laurent Wauquiez ne fait pas mystère de sa foi chrétienne, et s'en dit même plutôt fier. Mais que fait-il de la dignité humaine, qu'évoquent les Evangiles ? Serait-elle réductible à certains individus ? Quand ce sinistre personnage formule une proposition dont le fondement est avant tout électoraliste et bassement démagogue, pense-t-il aux enfants, aux femmes et aux hommes dont il évoque le quotidien, un quotidien qui ne pourrait rendre jaloux aucun citoyen français ?
Pour ma part, j'ai eu l'honneur d'assister à une cérémonie organisée par la ville mablyrote, une commune ligérienne, dont l'équipe municipale est éprise des valeurs de solidarité, de fraternité et d'Humanité. Durant cette cérémonie, trois baptêmes républicains furent célébrés, ainsi trois familles ne disposant pas pour l'heure de papiers, recevaient le soutien et la protection d'une mairie véritablement républicaine, qui se refusa à l'application de mesures administratives incompréhensibles qui visaient des enfants faisant la fierté de leurs enseignants, et des parents parfaitement intégrés, et parfois même bénévoles dans le secteur associatif.
Laurent Wauquiez n'a aucun mal à bafouer les principes de laïcité en réalisant, par exemple, une interview dans une église. Pour l'amour du prochain, en revanche, nous repasserons.
Ce qui amène Laurent Wauquiez à déclarer de telles inepties, c'est sa volonté de dépasser par la droite un homme politique formé par le fou du Puy, par Philippe de Villers. Inutile d'en dire davantage, et de souligner le paradoxe de la situation.
Par cette proposition immonde, il nous rappelle les pires provocations de Jean-Marie Le Pen. Mais à la différence de ce dernier, l'ancien Président de la région qui est aussi la mienne, a poursuivi les plus grandes études, en étant diplômé de l'Ecole Nationale d'Administration, et de l'Ecole Normale Supérieure. Il constitue le symbole d'une partie des "élites" françaises, qui a reçu une instruction exigeante, mais qui n'en a rien retenu, ou bien qui a retenu ce qui pourrait lui permettre de faire prospérer un agenda nauséabond. Par son parcours, le Député altiligérien, s'oppose à l'idéal des Lumières, supposant que l'instruction viendrait à bout des peurs injustifiées, des haines innommables, et de la malhonnêteté intellectuelle la plus crasse.
La région Auvergne Rhône-Alpes, ma région, je l'aime ; et évoquant ce sujet je me remémore les évènements qui s'étaient déroulés dans un petit village ligérien, fortement acquis aux thèses diffusées par l'extrême droite, qui fut changé par l'accueil de personnes migrantes. Dans ce village, le vote frontiste, en présence de ces personnes venues d'ailleurs, loin "d'exploser" -pour reprendre un terme qui plait tant à la droite extrême et à l'extrême droite-, diminua.
En effet, il y a les peurs que se plaisent à entretenir des élites malades et des chaînes racoleuses et il y a la convivialité des hommes et des femmes, dans la vie simple, dans le quotidien. Il y avait dans ce petit village déjà le sport pour réunir.
La convivialité est une valeur que la gauche doit mettre au centre de son projet. Ce projet de convivialité, de fraternisation suppose la reconnaissance de la dignité de chaque personne, pour ce qu'elle est. En poursuivant ce cheminement, il est impossible d'entendre, de tolérer, de défendre les injustices insupportables, dont nous sommes tous les jours les témoins et ceci nous rappelle que le projet politique de Laurent Wauquiez est avant tout un combat pour les injustices, pour défendre le Grand capital.
Laurent Wauquiez, la solidarité, il s'en moque comme de l'an 40, il n'en nourrit que pour ceux qui, défendant les privilégiés, divisent les opprimés pour mieux régner sur eux. Solidarité de classe, donc, si l'on peut parler encore de solidarité pour les logiques ici décrites. Marine Le Pen, qui pour rappel a été élevée dans un château, et Laurent Wauquiez, fils d'une famille d'industriels fortunés, ne défendront jamais les pauvres, et s'ils disent le faire parfois, le plus souvent dans une campagne électorale, c'est pour mieux combattre d'autres personnes en situation de précarité que sont les étrangers.
La gauche, si elle ne veut pas succomber à l'insupportable climat de notre époque, doit défendre un projet convivial, populaire de fraternisation. Aussi, il ne faut plus opposer, comme on l'entend parfois, les forces du Travail à ceux qui défendent les femmes et les hommes venus d'ailleurs, qui bien souvent travaillent eux aussi, de manière illégale toutefois. N'opposons plus ces forces, réunissons-les, dans un vaste projet de contre-société, car il s'agit du seul chemin pour vaincre, et de la seule stratégie pouvant permettre la victoire : convertir la majorité sociale, en majorité politique.
Lubin Dargère




Commentaires